L’Édito de Tom, le vrai…
Mais tu peux pas être écolo ! Tu vends des voyages !
Voilà ce que vous risquez d’entendre les prochaines années… voilà ce que nous entendons parfois depuis quelques mois; depuis que nous avons eu une crise “d’éco-conscience”.
Fabrice, mon associé, a commencé à m’envoyer des “signes” courant juillet en me demandant comment était le climat à Marseille, ce que j’en pensais. Je répondais naïvement “Ben il fait chaud et j’adore quand il fait chaud…”
C’est en août, quand il m’a appelé que j’ai vite senti que beaucoup de choses se bousculaient dans sa tête. Il me recommanda alors d’écouter Jean-Marc Jancovici et son interview sur le site de Présages : https://www.presages.fr/blog/2018/3/12/jean-marc-jancovici.
Et à partir de là, il n’a eu cesse de m’alimenter de livres, podcasts, vidéos sur le sujet… mon associé a été mon “déclencheur” sur cette prise de conscience.
Chacun aura son déclencheur, son révélateur, et nous avons décidé que Togezer devait essayer humblement de jouer ce rôle en lançant une réflexion, un think tank autour de ce sujet.
De quel sujet parle-t-on ?
Ce que nous avons réalisé dernièrement, ce n’est pas juste que la Terre se réchauffe et que l’humanité pollue trop. Nous l’avons traité d’abord comme de la gestion de risques en évaluant les conséquences et les probabilités de chaque scénario sur la table: conséquences politiques, économiques, sociologiques, professionnelles, personnelles. Au final, cela a affecté notre manière de penser et d’appréhender l’avenir.
Cette vidéo courte et dynamique définit bien le sujet : cliquez ici pour voir la vidéo
Sans vouloir faire une explication exhaustive, voici quelques éléments clés sur notre cheminement.
L’Homme est obsédé par le concept de croissance de la production. Tout notre système économique actuel est basé là-dessus.
Il est également basé sur un postulat de départ exprimé par Jean-Baptiste Say dans son cours complet d’économie politique pratique, en 1828-1930 : » Les ressources naturelles sont inépuisables, car sans cela nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées, ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques. »
Malheureusement, ce postulat est faux, on le sait aujourd’hui avec certitude, les ressources sont épuisables et ne sont pas gratuites.
Rien de nouveau sous le soleil me direz vous. Mais imaginez un monde où effectivement le coût de l’énergie augmente drastiquement, débouchant sur une augmentation forte du prix de tous les produits carbonés, c’est à dire à peu près tout. Essayez de passer une journée à réfléchir à l’impact carbone de tout ce qui vous entoure, de ce que vous achetez, de ce que vous jetez…
C’est à devenir fou de se rendre compte à quel point nous sommes intoxiqués au pétrole, à la croissance…
Le système est lancé dans une course folle, nous sommes tous conscients de cela et nous ne savons pas comment le ralentir, l’arrêter. A sa manière, chacun y va de son geste, de son implication tant que cela ne bouleverse pas son confort. C’est tellement difficile d’essayer de changer ! Je vis toutes ces contradictions au quotidien.
Alors que pouvons-nous faire ?
Cet article résume bien la problématique :
https://youmatter.world/fr/ecologie-eco-gestes-impact/
La solution viendra de ceux qui osent “rêver et imaginer ”
La solution doit venir des citoyens mais aussi de ceux qui ont un impact plus global.
Malheureusement, les grands acteurs économiques, les hommes politiques n’arrivent pas à prendre conscience de l’urgence, ou tout simplement n’arrivent plus à sortir du système en marche.
A quel moment la prise de conscience s’emparera de tous ces acteurs ?
A quel moment cela déclenchera l’innovation, l’invention suffisante pour ralentir et permettre de continuer à croître autant en ayant un impact écologique minime ?
Nous n’avons évidemment pas la réponse à cela et nous ne portons aucun jugement face à ce manque de réaction.
Cependant, nous pensons qu’une part de la solution viendra de ceux qui osent rêver, imaginer un monde différent et meilleur.
Cette peur, ou cette déprime qui peut s’emparer de nous face à un constat anxiogène, sera génératrice d’idées et nous poussera à nous réinventer.
Alors, humblement et parce qu’il faut bien commencer quelque part, nous allons lancer Togezer et ses membres dans cette réflexion commune. Beaucoup d’énergie se dégage de cette “bande de réceptifs” que vous êtes et de tous ceux qui “virevoltent” autour de Togezer.
Imaginez si nous mettons toute cette énergie à réfléchir à un tourisme différent, meilleur.
Imaginez si nous réfléchissons ensemble à rendre nos entreprises plus durables, autant écologiquement qu’économiquement.
Imaginez que nous réfléchissions ensemble à des systèmes de management et d’organisation plus horizontaux et plus justes…
Dans 20 ans, même si on se trompe, on aura participer à changer certaines choses et on l’aura fait ensemble… Togezer…
Tous ces changements vont clairement avoir un impact sur notre métier qu’on le veuille ou non, en tout cas, je le crois.
De quelles manières ? Je n’en sais rien. Les touristes vont-ils arrêter de prendre l’avion et se tourner vers la micro-aventure ?
Vont-ils décider de voyager plus longtemps dans chaque destination, en voyageant moins mais mieux ?
Allons-nous être obligés de voyager virtuellement via des casques de réalité virtuelle ?
Des questions plus larges se posent aussi. En terme de management par exemple, les nouvelles générations arrivent sur le marché du travail avec cette volonté de donner du sens à leur métier, à être des éco-citoyens responsables et ils cherchent un système plus juste, loin des modèles verticaux que nous avons connus.
Puis, nous avons dressé chez Togezer quelques pistes de réflexion en anticipant le prochain numéro du Yakafokon qui aura pour objet : “ Quelles solutions pour après-demain et comment augmenter l’intérêt sociétal de nos entreprises ? “
Ce sera le thème du prochain Yakafokon, à sortir dans quelques mois, et l’idée est d’aller au delà du constat et tenter d’inventer le voyage de demain. Nous avons déjà reçu une dizaine d’articles remarquables, voici un petit teaser: le slow travel, cinema&voyage, famille&voyage, voyage et serendipité, voyage local, le trek2020, partager la vie locale, l’oenotourisme, microaventure, voyage & tour du monde en voilier…
Vers un plan B
Je suis associé de Terra Group, un groupe de réceptifs, co-fondateur de Togezer et je ne m’imagine pas en tant qu’entrepreneur ne pas commencer à réfléchir à un “plan B” face à ce qu’il se passe. Je ne souhaite pas que nos associés, nos salariés, nos partenaires externes, et par extension ma famille et moi-même soyons impactés par ce qui risque d’arriver faute de “courage et de vision”.
Le plan B : c’est utiliser notre réseau, notre expertise et bouleverser notre business model, nos organisations pour nous préparer à ce qui arrive.
Dans le cas du tourisme, cela peut nous amener à remettre totalement en cause le produit que l’on vend : le voyage.
Un réceptif a souvent un excellent réseau local, en plus de vendre du voyage c’est un fabuleux logisticien, avec des équipes bien implantées dans le pays qu’il opère.
L’objectif du plan B est d’utiliser ces ressources pour développer une autre entreprise en parallèle de son métier actuel. Ainsi son entreprise a deux activités, et en cas de chute du tourisme alors il peut bifurquer sur l’autre activité.
Comme disait Lavoisier : “Rien ne se perd tout se transforme” et le réceptif pourra alors s’en sortir.
Et dans le meilleur cas, c’est à dire le cas où nous aurions tort et que le tourisme continue sur sa croissance, que l’on trouve des solutions vertes et durables pour continuer à voyager, alors nous aurons deux métiers et nos entreprises seront encore plus florissantes.
Ce n’est pas la première fois que nos entreprises sont confrontées à une telle transition. Ces débats ont également eu lieu lors de la transition digitale qui a bouleversé notre métier.
Ces transitions entraînent la confrontation de deux “visions” de l’avenir faisant appel aux mêmes leviers.
Cet article détaille bien les liens entre ces deux transitions : https://www.cairn.info/revue-responsabilite-et-environnement-2017-3-page-5.htm#
Pour Togezer, nous allons mettre en place ce plan B.
Nous réfléchissons encore à différentes pistes.
Ce numéro a pour but de faire un constat de ce qui se fait chez différents réceptifs ou acteurs du voyage.
En essayant de répondre à la question : “ Comment réduire l’éco- empreinte du tourisme ? ”.
Pour cela, nous ouvrons le débat, la discussion, vous êtes tous amenés à donner votre avis, nous parler de vos solutions.
Pour les moins informés sur le sujet, nous avons mis en place une médiathèque, non-exhaustive, de nos meilleures lectures, podcasts ou vidéos.
N’hésitez pas à nous en demander l’accès à fabrice@togezer.travel ou à nous écrire afin d’y contribuer.
Cette médiathèque collaborative a pour but de recommander à chacun des lectures sur ce sujet vaste et complexe.
Puis, nous avons dressé chez Togezer quelques pistes de réflexion en anticipant le prochain numéro du Yakafokon qui aura pour objet : “ Quelles solutions pour après-demain et comment augmenter l’intérêt sociétal de nos entreprises ? “
Ce numéro n’aurait jamais vu le jour sans le travail remarquable de Fabrice, Emma et Sarah, qui en quelques semaines ont réuni ces articles et monté la médiathèque. Bravo à eux !
Également un grand merci à tous les rédacteurs qui ont pris le temps malgré leur quotidien chargé pour écrire des articles de grande qualité ou répondre à nos interviews.
Ce numéro “transpire” les valeurs de Togezer : associativité et collaboration.
C’est le deuxième Yakafokon seulement mais nous en sommes très fiers et cela ouvre de belles perspectives et promet des discussions passionnantes.
C’est un très beau cadeau de Noël en avance !
Bonne lecture et “ bon bout d’an” (comme on dit dans le sud)