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Le slow travel, la révolution douce ✽

Par Alex Le Beuan – Temps de le lecture : 6 min


QUI EST ALEX ?
Alex Le Beuan, Fondateur et Directeur du groupe Shanti Travel, agences réceptives basées en Inde, Sri Lanka, Népal, Birmanie, Vietnam, Singapour et Indonésie.

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‘’Notre maison Brûle’’

L’homme est en train de manger la terre, à un rythme effréné.

Depuis 40 ans, la communauté scientifique alerte les dirigeants et l’opinion publique sur les dangers encourus pour l’Homme sur notre terre.

Les scientifiques arrivent aux conclusions que la terre est entrée dans une nouvelle phase géologique, l’anthropocène, qui a débuté lorsque les activités humaines ont eu une incidence globale significative sur l’écosystème terrestre, depuis les débuts de l’ère industrielle, et qui s’est aggravée depuis les années 1980 et le développement de la mondialisation et du toujours plus de consommation.

Les 1 400 milliards de tonnes de CO2, invisibles, prisonnières de la basse atmosphère sont une réalité, tout comme la biodiversité qui décline ; la production de charbon et de pétrole continue de croître ; on réalise aujourd’hui que la production massive de panneaux solaires est extrêmement gourmande en produits miniers et que notre infrastructure numérique est de plus en plus vorace en énergie.

Les rapports scientifiques nous alertent sur le fait qu’à ce rythme, l’anthropocène pourrait être à un point de non-retour dans les toutes prochaines années.

         
 
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Le tourisme a un fort impact sur les émissions carbone : globalement les transports sont à l’origine d’un quart des émissions de CO2 dans le monde. Le tourisme rejette déjà 8% des gaz à effet de serre anthropiques.

Outre la problématique de l’empreinte carbone le tourisme à un impact négatif certain sur la consommation de déchets et un impact parfois positif, parfois négatif sur la biodiversité comme sur l’économie locale des territoires visités.

La prise de conscience citoyenne est en marche

La “honte’’ de prendre l’avion s’est déjà emparée de la société suédoise (en Suède, il a même donné naissance à un nouveau mot : flygskam), et ce n’est qu’un début, un exemple parmi tant d’autres qui montre qu’en effet, les ‘’consommateurs’’ changent leurs habitudes.

Une réelle prise de conscience est en train d’émerger dans la population française, européenne et mondiale, sur le fait que nous devons repenser notre place – nous humains – dans le monde, et nous occuper de notre Terre Mère qui est aujourd’hui si fragilisée.

Au moment ou plus de la moitié de l’humanité est ou a été confinée, on se confronte a l’espace, et au temps.  Car nous voilà pour la majorité d’entre nous doublement confinés : dans le temps présent, et dans un petit volume d’espace.

Comme l’explique Etienne Klein, physicien et philosophe des sciences : ‘’Le confinement, c’est peut-être l’occasion de reprendre un peu de maîtrise sur sa gestion du temps, non pas sur le temps lui-même, sur lequel on n’a aucune maîtrise, mais une maîtrise de notre emploi du temps’’.

Comme l’exprimait à très juste titre Samy Bailly (Directeur Evaneos France), dans le Yakafokon n°1 de juin dernier, se dessine une tendance dans le tourisme selon laquelle les voyageurs partiront moins souvent, et plus longtemps ! Parce que ‘’notre maison brûle’’, et aussi parce que nous vivons au quotidien dans un monde hyper connecté, hyper rapide et atrophié. Aujourd’hui et plus encore demain, l’objectif premier du voyage est celui de prendre son temps.

Nous, professionnels du tourisme, devons-nous regarder ailleurs, ou nous emparer de la problématique et y apporter des réponses ?

 Nous savons que nous ne pouvons attendre des progrès technologiques suffisamment rapides et efficaces pour que l’avion, la voiture ou la climatisation deviennent ‘’100% propres’’ dans les 10 ou 20 prochaines années.

 Dès lors, allons-nous attendre que l’opinion publique oblige les dirigeants à créer des lois pour que nous soyons dans l’obligation de changer de route ?

 Allons-nous attendre que les touristes se détournent des voyages lointains pour commencer à agir ?

Inventons le tourisme d’aujourd’hui. Le tout consommable est Mort, Vive le Slow Travel !

Écoutons les prémisses d’une tendance de fond, une tendance emplie de sagesse qui gagne le cœur des citoyens-voyageurs.

Cette tendance est à l’éloge de la lenteur, autrement dit le ‘’Slow Travel’’. L’objectif des voyages va, dans les années à venir, de plus en plus consister à se déconnecter pour mieux se reconnecter, à soi, aux autres, au temps, et à se désinvestir du ‘’consommable’’ pour se concentrer sur l’essentiel.
Le succès du film  « Eat, Pray and Love » est révélateur de cette tendance. Trouver du sens à sa vie grâce au voyage ; rencontrer, échanger, partager, compatir, se laisser porter par l’inattendu, le non programmé – la fameuse sérendipité –  transgresser ses préjugés, se transformer, être conscient et minimiser son impact sur la planète.

La lenteur, le pas à pas, permettent la disponibilité et la curiosité, qui aboutissent à la transformation heureuse de soi, et l’empreinte écologique est faible.

A nous professionnels du tourisme d’innover, de préfigurer, de dessiner, de développer, d’accompagner cette révolution, d’en informer et de préparer les voyageurs ainsi que les médias.

L’avion et la voiture ? Avec sobriété ! La marche, le vélo, le cheval ou encore le canoë ? Dans l’abondance !

Le Slow Travel est bien sûr synonyme de voyage de longue durée, mais pas seulement. C’est aussi un choix de mode de transport lent, local et peu impactant pour l’environnement. A l’avion et la voiture, privilégions le train et le bus local, source d’immersion. Et plus encore la marche à pied et le vélo.

   
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Pour J. Lacarrière (écrivain français connu pour ses récits de voyage.), marcher, « ce n’est pas revenir aux temps néolithiques, mais bien plutôt être prophète ». Aller à pied, livré à son seul corps et à sa volonté, est un anachronisme en un temps de vitesse, de fulgurance, d’efficacité, de rendement et d’utilitarisme.

Le Slow Travel devient un engagement, un acte de résistance positive face à un monde révolu !

Le développement des sports doux (randonnée, trek, vélo, rafting, canoë, cheval…), l’un des composants du Slow Travel, est exponentiel depuis les années 1980.

Encourageons ces pratiques.

Les chemins de Compostelle sont devenus en quelques années des lieux très fréquentés, et pas seulement par les catholiques.  Les montagnes du Pérou et du Népal ou encore le Kilimandjaro sont de plus en plus prisées. Même le Sahara s’ouvre de nouveau après 15 ans d’absence. Profitons de cette réalité et ouvrons de nouveaux chemins qui désengorgeront les ‘’autoroutes’’ ultra balisées que sont devenues par exemple le Machu Pichu et les Annapurnas.

Il n’est cependant pas nécessaire de marcher pour vivre l’expérience Slow. Prendre le temps de découvrir l’Inde durant plusieurs semaines en se déplaçant en train ou les Iles de la Sonde en voilier, le Vietnam en vélo ou l’Asie Centrale à cheval sont d’autres exemples de l’expérience Slow. On pense aussi à Matthieu Ricard dans son hermitage d’Un Voyage Immobile et Sylvain Tesson Dans les Forets de Sibérie, maîtres du voyage immobile, finalement la quintessence du Slow Travel.

Car l’immersion créatrice constitue un pilier du voyage Slow, et un engouement de plus en plus important de la part des voyageurs.

Les chaînes hôtelières standardisées ? Ringard et néfaste ! L’heure est aux petites structures artisanales

Fini le temps des hôtels aseptisés à grande capacité d’accueil où le voyageur n’est qu’un numéro, une devise, et où la profitabilité est l’unique leitmotiv, où le ratio employé – voyageur est très bas, et où le voyageur est coupé du monde réel du pays visité.

Encourageons le développement des petites structures artisanales et locales, et aidons-les à créer leurs expériences et activités, leur potager bio-permaculturel et / ou à travailler en circuit court, à favoriser la formation et l’emploi local, à mettre en place des actions environnementales (programme d’économie d’eau, de recyclage, de gestion énergétique – la clim à 25 degrés maximum ! – gestion de l’usage de plastique, etc.).

L’expérience locale plutôt que le nombre de Km parcourus

Les activités auxquelles on se réfère souvent lorsque l’on pense au Slow Travel sont davantage de l’ordre de «faire» et de «vivre» que de «voir». Proposons aux voyageurs un maximum d’expériences locales qui lui permettent de s’imprégner et de s’immerger dans la culture du pays visité, de réduire le nombre de km parcourus, positif pour lui comme pour l’économie locale et comme pour la planète.

Créons une charte avec nos partenaires et aidons-les à la mettre en pratique

Encourageons et aidons les partenaires qui souhaitent contribuer à la réduction de l’impact social et environnemental du tourisme.

Projet 0 carbone

L’idée d’une taxe carbone sur les produits aériens fait son chemin, tout comme celle d’une ‘’contribution planète’’.

Répondons à une urgence et une exigence des voyageurs et n’attendons pas que les décideurs se décident ! Calculons l’empreinte carbone de chaque voyage, incluons la obligatoirement dans le prix du voyage, et reversons ces montants à des organisations locales qui œuvrent pour préserver les forêts, planter des arbres, développer l’agro écologie, les circuits courts et les énergies renouvelables, bref des organismes qui compensent et qui absorbent la consommation carbone des voyages que nous commercialisons et organisons. Ce qui est vrai pour les voyageurs l’est aussi pour les organisateurs, faisons de même pour notre propre consommation carbone.

Après deux mois de confinement, on est nombreux à avoir pris conscience de l’importance de ‘’ne pas sacrifier l’essentiel à l’urgence mais obéir à l’urgence de l’essentiel’’ pour reprendre les mots d’Edgar Morin. Nous, professionnels du tourisme devons préfigurer puis développer et accompagner le tourisme de demain qui répond à 2 enjeux majeurs : l’enjeu écologique, abyssal, et l’enjeu économique qui consiste à répondre aux attentes des voyageurs. Le Slow Travel est une opportunité qui répond à ces deux problématiques, et l’adopter est le meilleur moyen de faire que voyager soit encore possible dans les 20 prochaines années.

Alex Le Beuan vient de voyager en mode ‘’Slow’’ durant 8 mois en Inde, au Népal et au Sri Lanka avec sa compagne et leur fille de 4 ans, et vous retrouvez ici des films et articles de blog concernant la première partie de leur voyage, en Himalaya (au Ladakh, Mustang, et Dolpo) : http://blog.shantitravel.com/petits-pas/

Retrouvez la sélection des circuits de Shanti Travel centrée sur la rencontre et le partage à travers des expériences exceptionnelles en Asie :