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L’avenir du réceptif et le tourisme durable

Par Emma Dominguez — Zemma la guerrière de TogeZer

Regards croisés animés par Emma de TogeZer avec Alexia, co-fondatrice de l’agence réceptive Mexikoo au Mexique et Charlotte Simoni, co-fondatrice de la marketplace et agence de voyage Globethik

Pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5ºC, il faudrait « modifier rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société », a déclaré le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans un communiqué publié en octobre dernier suite à la parution de son rapport complet sur les conséquences d’un réchauffement planétaire.

Nous attendons souvent beaucoup des gouvernements qui ont bien entendu un rôle important à jouer dans ce combat, et je reste persuadée que c’est aussi par nos actions personnelles que le changement va s’opérer.

Toutefois, nous travaillons tous dans le secteur du tourisme, l’une des industries les plus polluantes qui puissent exister. Alors par où commencer ? Je trouvais intéressant de vous partager les points de vue et les expériences d’Alexia et Charlotte qui œuvrent chacune à leur manière pour un tourisme plus responsable, plus durable. Je les remercie personnellement pour cette conversation enrichissante que je vous invite à dévorer.

Emma : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Alexia : Il y a 2 ans et demi, j’ai co-fondé avec mon associée Elise une agence réceptive au Mexique qui s’appelle Mexikoo. Nous sommes spécialisées dans le tourisme éco-responsable. Tout a commencé en voyageant dans la région du Chiapas; nous avons rencontré des Mexicains ayant mis en place des initiatives écologiques fortes dans le tourisme. Nous nous sommes dit qu’il fallait donner une visibilité à ces personnes qu’on ne peut pas trouver sur internet. À la base, nous voulions créer une marketplace en proposant en ligne des excursions et hébergements éco-touristiques. Et puis, nous nous sommes rendues compte que l’on aimait bien aussi le service et le travail de sensibilisation des voyageurs. Avec la création de Mexikoo, il a fallu prioriser nos offres éco-touristiques, réfléchir à la manière de les promouvoir, pour inciter à voyager de manière éco-responsable.

Elise et Alexia de Mexikoo

Charlotte : Avant de lancer Globethik, j’étais journaliste dans la presse économique. En 2015 et après 7 ans dans le métier, j’ai décidé de quitter mon travail et de partir à la découverte de l’Asie pendant 6 mois. Sur place, j’ai trouvé qu’il était compliqué pour un voyageur de trouver des activités éco-responsables. Je me souviens par exemple d’un voyage au Cambodge où j’avais trouvé des activités en quad pour explorer la campagne, mais très peu en vélo ! C’est là que l’idée de Globethik m’est venue. Mais ce n’est qu’en 2017 que j’ai commencé à travailler sur le concept. Elodie, que j’avais rencontré en Thaïlande et qui vit sur l’île de Vancouver au Canada, s’est associée au projet l’année suivante. En octobre 2018, nous avons lancé Globethik, un site internet où nous vendons des activités et des excursions responsables rigoureusement sélectionnées dans plus d’une dizaine de pays (uniquement des destinations où nous sommes allées pour plus de qualité et de crédibilité). Nous recevons aussi régulièrement des demandes de voyages sur-mesure. Les dernières concernaient l’Indonésie et le Népal. Enfin, nous avons également été approchées par un réseau d’agences afin de les accompagner sur la sensibilisation des voyageurs au tourisme durable.

L’équipe de Globethik

Emma : Pour vous, qu’est-ce que le tourisme durable ?

Charlotte : Le tourisme durable, c’est une manière de voyager et de consommer différemment, en minimisant par exemple son empreinte écologique. Même si le mieux serait bien évidemment de ne pas prendre l‘avion, on peut trouver d’autres solutions comme la compensation de ses émissions carbone. A titre personnel, je le fais depuis six ans : c’est un budget et ce n’est certes pas la solution, mais c’est déjà une petite contribution. Je vais d’abord sur le site My climate où je calcule mes émissions carbone avant de me rendre sur le site de l’association Les Amis des Enfants du Monde et de compenser mes émissions carbone en plantation d’arbre ou de panneaux solaires. Pourquoi cette association ? Car je sais que les arbres plantés le sont vraiment et qu’ils ne sont pas coupés 2 ans plus tard !

Sur place, le tourisme durable, c’est aussi privilégier les hébergements écologiques, les chambres d’hôtes ou les nuits chez l’habitant ainsi que les activités douces comme le vélo, le kayak, le trekking. Bien sûr, il s’agit aussi de consommer et manger local. Le tourisme durable, c’est enfin essayer de comprendre les populations locales. Partir au bout du monde sans rencontrer les locaux, ni même s’intéresser à leurs problématiques politiques et sociales n’a pas d’intérêt !

Alexia : Je suis assez d’accord. Quand on parle de minimiser l’impact, c’est assez important comme nuance. On me dit souvent : “dans tous les cas, quand tu voyages, tu pollues”. Mais l’idée ce n’est pas d’arrêter de voyager, car le voyage apporte beaucoup en termes d’enrichissement personnel. On ne peut pas non plus freiner une tendance. L’idée n’est donc pas de se vanter d’être parfait en n’ayant aucun impact, mais plutôt, de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire cet impact au maximum. Par exemple, lorsque l’on voyage dans un pays, il faut limiter son empreinte, sa consommation de déchets, la faune locale etc. C’est un respect envers la nature, mais aussi envers le pays que l’on visite. Ce n’est pas parce que certains pays sont déjà affectés par la pollution, qu’il faut baisser notre vigilance. Respecter cette terre, comme si c’était la tienne. Le tourisme durable, c’est aussi l’aspect économique et social. En effet, la majorité de l’économie issue du tourisme n’est pas répartie de manière équitable. Donc l’idée du tourisme durable, c’est aussi de créer des tours économiquement viables sur le long-terme. Sans tomber dans le misérabilisme : avec les familles locales, on partage un moment, il y a l’aspect humain. En répartissant mieux les bénéfices du secteur touristique, on peut permettre à des familles locales de mieux vivre.

Emma : Quelles sont les bonnes pratiques du tourisme durable ? Pouvez-vous nous parler d’actions concrètes que vous avez mises en place ?

Alexia : Je pense que tout d’abord, avant de sensibiliser nos voyageurs pour qu’ils adoptent une nouvelle façon de voyager, il a fallu sensibiliser les membres de notre équipe car c’est indispensable que les personnes qui transmettent ce message soient elles-mêmes sensibilisées et convaincues, on ne peut pas faire passer le message aux clients pour qu’eux soient responsables. Par exemple, nous avons sélectionné 3 sites internet sur lesquels on peut acheter des produits bio et réutilisables pour éviter d’utiliser des poches en plastique ou encore du cellophane. Nous offrons à nos employés 10% sur leur commande. C’est une façon ludique de les faire passer aux bonnes pratiques. Ça a été une dynamique positive et groupée au niveau de l’équipe. Tout le monde s’est mis à acheter des produits, à comparer entre eux. Ça s’est mis en place de manière positive. Ensuite, à l’agence, nous n’utilisons pas de plastique, pour l’entretien nous privilégions des produits biodégradables. Concernant l’eau, elle n’est pas potable au Mexique. Nous avons donc acheté un éco-filtre pour pouvoir filtrer l’eau du robinet.

Pour parler de nos prestataires, nous ne sélectionnons que des hôtels qui ont des initiatives écologiques tangibles. Concernant les excursions, nous privilégions les expériences avec des transports eco-friendly, en kayak, à vélo, à pied, ou en catamaran (on essaie d’éviter les bateaux à moteur).

Concernant nos voyageurs, nous nous sommes rendues compte que si on ne leur donne pas la solution, on ne provoque pas le changement. Au début, on se contentait de dire « prenez de la crème biodégradable » mais les clients ne savaient pas où en acheter, ce n’était pas si facile. Lorsque nos voyageurs arrivent sur le sol mexicain, nous leur offrons donc un kit de l’éco-voyageur qui comprend un sac réutilisable avec une gourde thermo, des pailles en inox pour les cocktails (ils sont quand même en voyage, il faut qu’ils en profitent !), de la crème solaire biodégradable à 88% au bout de 28 jours pour ce qui est des excursions dans la mer et les cénotes, et de l’anti-moustique biodégradable. Lors de la remise du kit, les voyageurs sont contents et fiers, c’est une bonne manière de sensibiliser sans être donneur de leçon.

Notre défi cette année : c’est de travailler sur un itinéraire zéro déchet. Nous avons arrêté un cahier des charges très rigoureux et sommes en train de regrouper tous les hôtels et activités éco-responsables de la péninsule du Yucatan selon nos critères (ceux qui n’utilisent pas du tout de plastique, qui ont des panneaux solaires, etc.). Nous sommes en train de de chercher un loueur de véhicule électrique ou hybride pour nos voyageurs afin de boucler la boucle. Nous souhaitons lancer cet itinéraire très prochainement, ce qui n’est pas chose simple car notre travail change un peu. Nous sommes obligées de convaincre les hôtels et leur donner les solutions plus écologiques et responsables. Nous sommes contentes parce que nous avons l’impression d’avoir un petit impact.

Charlotte : Alexia a bien résumé les bonnes pratiques du tourisme durable. Concernant mon activité, c’est un peu plus particulier. Je pense déjà que les bonnes pratiques du tourisme durable concernent aussi la dimension RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Cela se passe en interne dans l’entreprise par les bonnes pratiques mises en place avec les salariés, ou l’utilisation de serveur, boite mail et moteur de recherche plus “verts”. Nos voyageurs peuvent également trouver sur notre site la charte du voyageur responsable et des conseils comme un guide leur expliquant comment faire sa valise éco-responsable : emporter une gourde, un chargeur solaire, une crème solaire non toxique pour les océans… Côté prestataires, nous les sélectionnons selon une liste de critères très précis : nous leur demandons par exemple s’ils trient leurs déchets, s’ils privilégient les activités éco-responsables, s’ils proposent des produits du terroir, s’ils travaillent avec des guides locaux, s’il y a une répartition juste des ressources… Bien évidemment, nous ne pouvons pas tout contrôler, mais cela nous donne une idée. Parfois, nous rendons compte qu’il y a une vraie incohérence entre les activités proposées et le discours tenu en amont par les prestataires. Dans ce cas, nous ne donnons pas suite au RDV.

Emma : D’après vous, est-ce qu’il y a un profil type du voyageur intéressé par le tourisme durable ?

Alexia : Certains voyageurs nous choisissent pour ce positionnement, mais pas la majorité. Nous estimons que c’est aussi notre travail de les sensibiliser car naturellement les voyageurs ne se disent pas qu’ils ne veulent que des prestataires éco-responsables. Pour mieux guider nos voyageurs, nous avons attribué des notes aux hôtels sur différents critères afin de mesurer leurs initiatives écologiques. Nous contactons chaque hôtel avec une liste d’une trentaine de questions, comme par exemple : “Quel est le savon utilisé ?”; “Servez-vous des bouteilles en plastique dans les chambres ?”, “Traitez-vous la piscine avec du chlore ?”, “Avez-vous des panneaux solaires ?”, etc. Ce qui nous permet d’attribuer des points à chaque initiative et ce qui donne une note finale. Les voyageurs sont ensuite libres de choisir en connaissance de cause.

Charlotte : Je ne pense pas non plus qu’il y ait un profil type du voyage intéressé par le tourisme durable. Il faut faire preuve de pédagogie avec les voyageurs. Je trouve que les personnes qui ont cette mentalité sur le tourisme éco-responsable sont des personnes qui ont cette mentalité plus généralement sur le développement durable. C’est-à-dire qu’à titre personnel, elles vont se soucier de leur impact environnemental dans leur propre pays, de leur consommation de plastique ou d’eau.

Emma : Est-ce que le tourisme durable coûte plus cher pour le voyageur ?

Charlotte : Non, pas forcément. Je ne vois pas pourquoi un hôtel écologique serait plus cher. Typiquement, passer la nuit chez l’habitant, c’est plus économique que les hôtels. Le tourisme durable c’est une manière de consommer différemment. Choisir un comportement plus respectueux envers la culture locale et l’environnement n’est pas forcément plus onéreux que d’autres prestations touristiques.

Alexia : Je suis d’accord, parfois les voyageurs nous posent cette question, mais ça ne coûte pas nécessairement plus cher, comme dans n’importe quel hôtel, écologique ou pas, il y a différentes gammes de prix. Pour les excursions, il y a moins de coûts fixes car par exemple avec un bateau à moteur, il y a des frais d’essence, l’entretien du moteur, ce qui n’est pas le cas pour une excursion en catamaran par exemple.

Emma : Aujourd’hui, il y a comme une conscience qui s’est élevée sur ces sujets de développement durable, tourisme durable, qui sont de plus en plus médiatisés. Mais ne craignez-vous pas un effet de mode, est-ce que cette tendance ne risque pas de s’essouffler dans les années à venir ?

Alexia : Il y a sans doute un effet qui relève de la mode, mais je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose. J’espère que la mode va changer les habitudes. Même si c’est un effet de mode, si le résultat est positif, ça me va très bien. Ce qui compte, c’est que les habitudes changent et que les bonnes pratiques restent sur le long terme.

Charlotte : J’ai la sensation qu’il y a certes un effet de mode qui représente un vrai business, mais il y a une aussi vraie évolution en parallèle, au même titre que l’on remet en cause actuellement sa manière de consommer en privilégiant le bio et les circuits courts. A titre personnel, j’ai par exemple arrêté de consommer de l’avocat et des bananes parce que ça vient de l’autre bout du monde. Aujourd’hui, l’évolution vient du tourisme. On s’est posé la question sur l’industrie automobile, sur l’industrie alimentaire, maintenant c’est sur le tourisme : c’est de moins en moins un effet de mode, et plus une prise de conscience.

Emma : J’ai en tête récemment des photos circulant sur les réseaux sociaux du sommet de l’Everest avec une file de 300 personnes attendant leur tour pour atteindre le sommet. Ce phénomène que l’on connaît de plus en plus, c’est « l’over-tourisme ». Est-ce que vous pensez qu’il peut être un obstacle au tourisme durable et que pourrait-on faire contre ce phénomène ?

File d’attente au sommet de l’Everest

Alexia : C’est sûr qu’il y a des sites “Must See” qui ont profité d’une forte promotion, des endroits comme la Sian Ka’an & Punta Allen aux abords de Tulum, où le site est saturé, et nous pouvons voir 20 bateaux autour d’un dauphin.

Nous avons sorti cette excursion de notre offre première, et préférons proposer des alternatives à nos clients, comme Sian Ka’an & Ruines Muyil par exemple, ou encore Cabo Catoche à Holbox pour les personnes qui souhaitent observer des dauphins en liberté. L’enjeu du tourisme responsable est de se remettre en question et de renouveler l’offre constamment. Nous nous obligeons à aller où le tourisme de masse ne va pas. Nous ne proposons des excursions qu’en petits groupes réduits (6 personnes maximum). Et par exemple, pour Chichen Itza, une des sept merveilles du monde, nous proposons la visite du site très tôt le matin avant l’ouverture officielle.

Charlotte : C’est un peu pareil pour nous, il y a des expériences qu’on ne propose pas. Je pense par exemple aux excursions dans le nord du Vietnam à Sapa où les marchés ont été déplacés et où les minorités ethniques ont été chassées suite aux nombreux rachats de terrains par les Chinois. Il y a un phénomène de folklorisation où l’authenticité a complètement disparu. Il y a un vrai travail à faire du côté des agences de voyage, des réceptifs, mais aussi des autorités gouvernementales. Il appartient à ces dernières de trouver la juste balance : l’économie touristique permet aux populations locales de générer des revenus supplémentaires et de vivre, mais il faut aussi préserver les sites naturels. Pourquoi ne pas restreindre encore plus l’accès à l’Everest, comme cela a été fait au Machu Picchu ? Au Galápagos, il y a par exemple des sites réservés à des activités spécifiques comme la plongée, le trekking ou les croisières. Mieux : les sites ferment d’une année sur l’autre. Il y a un vrai souci de préservation !

Alexia : C’est vrai ce que dit Charlotte, les décisions gouvernementales ont un réel impact sur tous les sites naturels. En exemple, les îles Marietas au Mexique ont dû être fermées pendant un certain temps parce que 90% de la biodiversité avait disparu. Actuellement, il y a des quotas pour accéder à ces îles. Le problème, ce n’est pas d’arrêter de voyager ou de manger de la viande. Finalement, en plus des mauvais comportements humains, le problème majeur est que nous sommes très nombreux sur Terre. C’est pour cette raison que les décisions gouvernementales ont un rôle considérable dans la protection des écosystèmes.

Emma : Concernant les labels de tourisme durable, est-ce que vous en détenez un, qu’en pensez-vous ?

Alexia : Nous nous étions renseignées sur le label Rainforest, un des plus reconnus dans l’industrie du tourisme, mais c’est vraiment hors de prix et cela représente des mois de travail pour l’obtenir. L’obtention d’un label « tourisme durable » ne devrait pas être payant. Effectivement, le gouvernement devrait reconnaître les personnes qui font les démarches pour améliorer les initiatives du tourisme durable. Dans la construction de notre production voyage zéro déchet, je me suis fiée au label « ecoleader » de Tripadvisor. J’ai alors appelé un hôtel qui m’a expliqué que les bouteilles en verre, c’était trop compliqué à gérer, alors ils sont revenus aux bouteilles en plastique. J’ai vite déchanté. Un label ne devrait pas être définitif, les bonnes actions doivent se renouveler, être mises en place tous les jours. Je trouve que les démarches des labels ne sont pas transparentes, ce qui leur fait perdre toute crédibilité. C’est pourquoi, nous préférons mettre une liste exhaustive des bonnes pratiques mises en place et vérifiables immédiatement sur notre site internet.

Emma : Comment les réceptifs et agences de voyage pourraient mieux travailler ensemble pour servir le tourisme durable ?

Charlotte : Je me demande si ça ne vient pas naturellement dans le dialogue et la construction du voyage entre les réceptifs et agences de voyage. Elodie, mon associée, a ainsi organisé un voyage au Canada où nous avons demandé au réceptif s’il était possible de faire en sorte que la voiture louée soit électrique. Il n’y avait pas nécessairement pensé alors que leur démarche était engagée. Autre exemple : pour un circuit en Inde “luxe”, nous avons demandé à notre partenaire local de réserver des nuitées essentiellement dans des hébergements responsables privilégiant la protection de l’environnement et soutenant l’économie locale. Les nuitées à Mahabalipuram se font ainsi dans un hôtel qui rembourse les frais de scolarité à son personnel, reverse une partie de ses bénéfices à une association locale oeuvrant pour les enfants exploités, fournit des vélos pour les visites locales ou récupère et réutilise les eaux de pluie !

Alexia : Je pense aussi que tout dépend du niveau « d’intéressement » des agences de voyage à cette thématique. Il y a des agences qui ont déjà ce positionnement en France, donc c’est logique qu’elles viennent vers nous pour le tourisme durable. Ensemble, nous arrivons à créer des voyages cohérents avec les convictions que nous partageons. Mais pour les agences de voyage qui ne sont pas sensibles au tourisme durable, sensibiliser reste encore le boulot de l’activiste. Il y a encore un taux de sensibilisation qui est assez faible en France, malgré une tendance croissante que ce soit dans le BtoB et BtoC. Je crois que c’est celui qui y croit et qui veut le changement, qui doit le provoquer. Le tourisme durable, ce n’est pas juste dire non à la paille, et sentir que l’on a fait sa bonne action. C’est plus que des initiatives ponctuelles suite à une grosse campagne, c’est une philosophie de vie, qui automatiquement impacte la manière de voyager.

Emma : Pour finir, quel avenir imaginez-vous pour le tourisme durable ?

Charlotte : Pour moi, le tourisme durable rime aussi avec « slow travel ». J’aimerais bien que les voyageurs prennent plus le temps de se poser, plutôt que de faire des sauts de puce en deux jours. Le tourisme est clairement devenu le reflet de notre mode de surconsommation actuelle. Il faudrait qu’il y est également plus de transports électriques. Je rêverais que l’avion soit un jour électrique afin que nous puissions continuer de voyager sans polluer. Ce serait tout de même dommage de se limiter à notre propre région, même si c’est aussi enrichissant !

Alexia : C’est vrai, j’ai l’impression qu’on vit dans une société où il faut cocher des endroits à visiter. Les gens ont deux semaines et veulent aller là, là, là, là… partout ! Le voyage, c’est un peu le reflet de notre société capitaliste. Ce type de voyage laisse moins de place à la découverte et à l’échange. Mon rêve serait que des génies de la technologie comme Elon Musk créent ces technologies comme des avions qui ne polluent pas. Si on veut que le voyage soit durable, il faut penser à tout le reste parce que le voyage, c’est la manière de vivre dans un autre pays. Il faut que tous les éléments de la chaîne du voyage soient durables. Donc me concernant, je fonde beaucoup d’espoir sur les prochaines innovations technologiques.


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